Qui dit produits cosmétiques, dit forcément maquillage, et donc pinceaux de maquillage ! Mais savez-vous réellement ce qui se cache derrière vos accessoires de salle de bain préférés ? 

Le marché mondial de la cosmétique naturelle et du maquillage 

Les marques cosmétiques n’ont jamais été aussi nombreuses et variées qu’aujourd’hui. Le marché mondial de la cosmétique est en plein essor et affiche une croissance annuelle de 3,7% en 2020. D’ici quelques années, il pèsera plus de 390 milliards de dollars, dont les 30% sont générés par l’Europe, qui se place toujours en leader sur ce marché (Fashion Network, 2018). La grande tendance de cette dernière décennie étant évidemment portée sur les produits d’origine biologique et le naturelle. L’engouement des consommateurs pour la cosmétique naturelle ne cesse donc d’augmenter, tendance qui se retrouve dans le domaine du maquillage, également très porteur (48,3 milliards de dollars en 2018). Les marques regorgent donc d’idées et de slogans marketing, afin d’orienter le choix des consommateurs vers la consommation de leurs produits, notamment en ce qui concerne les pinceaux de maquillage dits “naturels” ou “écologiques”. Mais de tels accessoires en poils naturels d’animaux sont-ils réellement éthiquement acceptables ? 

L’enquête choc de PETA 

La vidéo choc postée sur la toile par la célèbre association mondiale de protection des animaux PETA en 2018 a choqué le Monde entier. Elle met en lumière les conditions d’élevage et d’abattage de petits blaireaux en Asie, dont la fourrure est utilisée à la fabrication des pinceaux de maquillage, notamment à destination de l’Europe. Ces petits mustélidés sauvages sont capturés avec violence dans la nature, par des méthodes cruelles comme celle du collet, avant d’être entassés dans de minuscules cages individuelles en fer rouillé, dont les barreaux sont parfois trop espacés pour leurs petites pattes qui s’y coincent, et s’y brisent (PETA, 2018)Comme déjà expliqué dans notre article sur les singes récolteurs, nous insistons sur le fait que “Les dommages environnementaux causés par le prélèvement d’une espèce à son milieu naturel. L’équilibre d’un écosystème est très fragile, et dépend d’une multitude de relations entre la faune et la flore, toutes interdépendantes les unes des autres. Une telle rupture dans le réseau trophique implique des réactions en chaîne dramatique. (Prindezis, 2020) 

PETA, 2018

La promiscuité et la solitude engendrées par ces modes production entrainent de graves troubles mentaux tels que la zoochose. Cette maladie, fréquemment observée chez les animaux captifs, peut provoquer une multitude de symptômes tels que l’auto-mutilation et les vomissements, et les pousser à ronger les barreaux de leurs cages. Pendant l’enquête, un blaireau vivant s’est fait ronger une patte. (PETA, 2018). Ces animaux vivent pourtant habituellement en communauté, dans des groupes familiaux allant de 6 à 35 individus, sur des surfaces allant de 20 à 150 hectares (One Voice, 2020). Ils communiquent entre eux par différentes vocalises, révélant une communication complexe et précise, raison pour laquelle les cris d’horreur entendus pas les enquêteurs de PETA ont glacé leur sang “Les images montrent des blaireaux pleurer de terreur alors que les ouvriers leur frappent la tête avec tout ce qui leur tombe sous la main, y compris un pied de chaise, avant de les égorger. L’un d’eux bougeait toujours une minute après avoir été égorgé, victime d’une mise à mort violente et insoutenable” (PETA, 2018).  

Beaucoup d’autres espèces sauvages menacées 

National Geographic: Sudhir Shivaram, Alamy

Malheureusement, et comme souvent, beaucoup d’autres animaux souffrent du commerce sanguinaire de la fourrure, afin d’orner nos pinceaux de maquillage de luxe...C’est le cas, par exemple, des mangoustes en Inde. L’organisme à but non lucratif Wildlife Trust of India dénonce la maltraitance infligée à ces petits animaux sauvages, de la famille des furets, tués par milliers chaque année “Au début des années 2000, en se basant sur les dernières données disponibles, ce sont plus de 50 000 mangoustes qui ont été tuées chaque annéePourtant, depuis 1972 le Wildlife Protection Life de 1972 vise la protection de la faune sauvage en Inde, et interdit la chasse de ces petits mammifères. Toutefois, le braconnage et la vente au marché noir de leur fourrure continue En août 2016, les autorités indiennes ont procédé à des arrestations de personnes suspectées d’avoir pris part à un trafic de plus de 5 kilos de poils de mangouste, soit l’équivalent de plus de 130 animaux, rapporte le journal The India Express” (National Geographic). 

Les pinceaux dits “naturels” sont par ailleurs souvent composés de poils d’écureuils, porcs, chevaux, visons ou belettes etc... 

Et oui, nos faux cils aussi ! 

Adepte des faux cils, ou des extensions de cils pour un regard de biche ? Oui mais à quel prix ? Beaucoup de faux cils utilisés pour habiller notre regard d’un joli éventail de poils doux, soyeux et souples, proviennent, sans surprise, également de fourrure, prélevée inhumainement sur des petits visons. A l’instar des blaireaux, cette industrie juteuse implique une rentabilité élevée, et donc des conditions d’élevage désastreuses menant vers un abatage expéditif, dénué d’état d’âme (électrocution, gazage, dépècement à vif). (PETA, 2020). Certains de ces petits mustélidés sont par ailleurs souvent chassés dans leur environnement naturel, alors qu'ils sont, depuis 2011, reconnu en danger critique par l’UICN (Union Internationale de Conservation de la Nature). 

L’une des 5 industries les plus polluantes au monde 

Outre la problématique éthique soulevée par l’industrie de la fourrure, la question environnementale doit également être posée et débattue. En effet, les fermes à fourrure sont de très “grandes productrices de lisiers azotés et phosphorés”, ces dernières “polluent eaux de surface et nappes phréatiques et libèrent de grandes quantités d’ammoniac, d’oxyde d’azote et de méthane”. N’oublions pas, par ailleurs, que les produits utilisés pour traiter les peaux peuvent être source de toxicité pour les consommateurs, notamment pour des produits à destination d’un usage sur le visage ou les yeux, puisque leur traitement "requiert également nombre de produits, toxiques pour l’humain". De plus, le personnel engagé pour ce travail ingrat, laborieux, et dangereux (parfois contraint d’y travailler par nécessité)risquent l’irritation de la peau et des yeux jusqu’au cancer du poumon. par l’exposition aux produits toxiques (One Voice, 2020). Cette filière meurtrière est l’une des cinq industries les plus polluantes au monde ! 

Le pouvoir, c’est vous ! 

Le pouvoir de faire cesser de tels agissements appartient au consommateur, puisque c’est lui qui créé directement la demande, et donc l’offre, auprès des industriels. Ces derniers n’ont de cesse de se plier aux mœurs changeantes des consommateurs afin de les satisfaire au mieux. Ainsi, si les causes environnementale (braconnage, dégradation de l’environnement, perturbation des écosystèmes...), animale (condition d’élevage, d’abattage, de capture...), et humaine (intoxication et manipulation des consommateurs, conditions de travail déplorables...) vous touchent, préférez des marques éthiques, proposant des produits en poils synthétiques et végans labellisés, et méfiez-vous des faux arguments marketing des industriels, tels que le terme “naturels!

Auteur: Hélène PRINDEZIS, diplômée d'un master Universitaire en Sciences environnementales, spécialiste en biodiversité. Assistante de direction secteur commercial chez Louve Papillon Swiss Sarl 

A Payerne, le 29 décembre 2020

Ahssen, S. (2018, avril 25). Le marché mondial du maquillage atteindra les 48,3 milliards de dollars en 2018. Récupéré sur Fasion Network: https://fr.fashionnetwork.com/news/Le-marche-mondial-du-maquillage-atteindra-les-48-3-milliards-de-dollars-en-2018,971211.html

Bale, R. (s.d.). Le cruel business des pinceaux en poils de mangouste. Récupéré sur National Geographic: https://www.nationalgeographic.fr/animaux/le-cruel-business-des-pinceaux-en-poils-de-mangouste

E, C. (2018, septembre 20). https://www.petafrance.com/actualites/une-video-tournee-par-peta-asie-montre-des-blaireaux-egorges-pour-fabriquer-des-pinceaux-de-maquillage/ . Récupéré sur PETA France: https://www.petafrance.com/actualites/une-video-tournee-par-peta-asie-montre-des-blaireaux-egorges-pour-fabriquer-des-pinceaux-de-maquillage/

Genève, V. d. (2019, juin 12). Pouvez-vous me renseigner sur le traitement des animaux dont sont issus les poils naturels utilisés pour fabriquer des pinceaux ? Récupéré sur Bibliothèque Universitaire Genève: http://institutions.ville-geneve.ch/fr/bm/interroge/archives-questions-reponses/detail/question/pouvez-vous-me-renseigner-sur-le-traitement-des-animaux-dont-sont-issus-les-poils-naturels-utilises/

Le marché mondial des cosmétiques naturels pourrait atteindre 48 milliards de dollars en 2024. (2020, juin 16). Récupéré sur LSA GREEN: https://www.lsa-conso.fr/le-marche-mondial-des-cosmetiques-naturels-pourrait-atteindre-48-milliards-de-dollars-en-2024,351954

Les blaireaux européens. (2020, avril 27). Récupéré sur One Voice: https://one-voice.fr/fr/presse/sentience/les-blaireaux-europeens

Marché mondial de la cosmétique : une croissance annuelle de 3,7 % d’ici à 2020. (2015, mai 29). Récupéré sur fashionnetwork: https://fr.fashionnetwork.com/news/Marche-mondial-de-la-cosmetique-une-croissance-annuelle-de-3-7-d-ici-a-2020,488821.html

PETA. (2020). 4 Reasons You Should Never Get Mink Eyelashes. Récupéré sur PETA International: https://www.peta.org/features/mink-eyelashes/

 

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